La route de l'esclave, à  Ouidah

La Route de l'esclave, c'est  tout  le  chemin  par  lequel   les  esclaves  étaient conduits à l'époque avant qu'ils  ne soient jetés dans les cales des bateaux qui devaient les emmener vers leurs terres d'exils ( Europe, Amérique, Antilles). La Route de l'Esclave est constituée d'un ensemble de places qui sont:

  • La place Chacha:
     

LA PLACE DES ENCHERES

 

Située devant l'ex- maison du négrier brésilien Chacha Félix de Souza, la Place des Enchères constitue le premier point de départ de la route des esclaves, longue de 4km. 
Cette place a vu le jour en 1717 après la défaite du royaume Houéda contre celui Agbomè. Devenu territoire sous-protectorat, le roi GHEZO, roi d'Abomey d'alors, confia à son ami Chacha Félix l'administration et  la gestion de cette nouvelle contrée annexée.
Au lieu de tuer les prisonniers de guerre, on les soumettait à des travaux forcés. De file en aiguille, l'idée de les envoyer travailler dans les plantations en Europe et en Amériques germa. Ainsi les prisonniers de guerre, les victimes de razzias, ceux qui commettaient des adultères au sein de la population sont vendus aux Européens sur la place, aujourd'hui appelée Place des Enchères. L'essor de ce commerce vertigineux incita le grand négrier à élargir son entonnoir d'esclaves. Ainsi, les bras valides, les princes et les princesses  furent vendus. Ils étaient troqués contre des marchandises de peu de valeur (canons, alcool, fusils, miroirs, chapeaux, pacotilles, etc). Un miroir équivaut à  40-50 esclaves. Même tout un quartier fut vendu: c'était le quartier Brézil à Ouidah. Après la vente, ils sont enchaînés au cou et aux mains. Le départ vers l'autre monde est sonné. De la place des enchères, les esclaves  se dirigèrent vers un arbre dénommé l'arbre de l'oubli pour un dernier rituel. 

 

 

 

  • L'Arbre de l'oubli
    A une partie de la route des esclaves, se trouvait un arbre qui revêt un sens particulier dans la culture des peuples de Danxomè: c'est L'arbre de l'oubli. 
    Aujourd'hui, nous n'avons plus le même arbre au même endroit. Il a été substitué par un autre dénommé "kpatiman" ou l'hysope. C'est un arbre de purification ,employé depuis des siècles au Bénin; il sert à préparer des infusions pendant les cérémonies à Ouidah. Cet arbre a les mêmes vertus que celui de la BIBLE. Lire le psaume 50dans la Bible. 
    Une fois qu'ils accomplissent les tours , ils se dirigent directement vers Zoungbodji, un village situé non loin du quartier Brésil pour se faire finalement parquer dans des concessions de fortune en attendant l'arrivée des cales. La Route est Longue.
  • La case de zomaï
    C’est à cet endroit, tard dans la nuit, que les esclaves sont ramenés pour attendre l’arrivée des cales depuis l’Europe. C’était des cases hermétiquement closes. 
    Les esclaves y étaient enfermés dès leur arrivée dans de petites cases ou toutes possibilités de visibilité étaient inexistentes. Cette séquestration absolue désorientait totalement les esclaves qui vivaient durant tout leur séjour dans l’obscurité totale et les mettait absolument en difficulté pour toutes tentatives de fuite ou de rébellion.
              Zomaï veut dire "Là ou le feu n’y va pas." Ils étaient, de ce fait, habitués à subir les conditions de vie dans les cales ; leur séjour s’étend sur trois à quatre mois. Les cases n'existent plus sur les lieux. Un monument a été érigé en lieu et place pour immortaliser ce souvenir. 
             Au décompte final, on en dénombrait  des  morts qui sont enterrés dans une fosse commune à 100m de la case de Zomaï aujourd'hui appelée Le Mémorial de Zoungbodji.
     
    Juste un symbôle
  • Le mémorial de Zoungbodji
     

    Le Mémorial de Zoungbodji représente aujourd'hui le cimetière des esclaves. Observons une minute de silence en leur mémoire.                                                           psshhhhhh.......


           Merci!
    A l'arrivée du navire, l'alerte est donnée. On inhumait ici les corps qui se sont éteints dans les cases de Zomaï dans une grande fosse commune.C'est le cimétière des esclaves. Sous l'égide de l'UNESCO en 1992 il a été opéré une fouille archéologique où beaucoup d'ossements et d'instruments authentiques ont été découvert. Aujourd'hui tous ces instruments( chaînes….) sont exposés au musée de Ouidah.

    Quant aux ossements trouvés, ils ont été enterré de nouveau et sur ceux se dresse aujourd'hui ce mémorial ayant une profondeur de 4m sur 6m de hauteur.Ce mémorial nous en dit long sur la tragédie qui a eu lieu sur ce lieu. Ainsi la couleur marron représente les esclaves alors que la couleur noire symbolisait les chaînes présentes à leur cou et à leur pied. En commencant la lecture par l'extrême gauhe au premier ranger vous remarquerez quatre têtes d'esclaves. Ces esclaves sont enchaînés à la main dans une position accroupie parce qu'ils sont ramenés la nuit dans la case. Au second rang il y a cinq têtes d'esclaves. Ils sont enchaînés aussi à la main mais assis, tête baissée parce qu'ils sont pensifs. C'est la disposition qui est adoptée dans les cales de navire. Au troisième rangée ils sont enchaînés au cou mais en allant. C'est la disposition adpotée sur la route que nous venons de parcourir. A droite, il y a 22 têtes enchaînées les uns à côté des autres et réprésente la fameuse disposition en sardine. Par en endroit vous remarquerez la couleur rouge qui marque leur sang, leurs pleurs, leurs souffrances, leur colère, leur angoisse. Sur cette place on remarque quelques statues. Il y a un esclave qui a brisé une chaîne en signe de liberté(premier décret d'abolition en 1848). Par ailleurs il y a une tête d'un balafré avec des rayons de soleil qui symbolise la levée du soleil d'Afrique. le mur de lamentation


    L'Arbre du retour

    LEUR SOUFFLE Y DEMEURE
    Après avoir enterré les esclaves qui ont rendu l'âme, le reste des esclaves s'ébranle en direction de l'Arbre du Retour.Nous vous rappelons que cet arbre demeure toujours et n'a pas disparu.
    Ici, s'annonce un autre rituel résultant d' une multitude de questions qu'ils se posaient. Où allons-nous? Que feront-ils de nous? A quel destin nous vouent-ils?
    Forts convaincus de leur croyance et aux cultes des dieux, ils font alors trois fois le tour de l'arbre pour marquer le retour effectif de leur âme après leur mort sur la terre de leurs aïeux .Ce retour dont nous parlons n'est pas le retour physique mais le retour mystique. C'est de là qu'est partie l'idée de la réincarnation. Cet arbre est demeuré tel depuis le 16è siecle et est communément appelé dans la langue Fon "hounti". Les gens le nomment vulgairement le Colatier sauvage. Il porte des fruits assez symboliques aidant à la préparation d'infusions qui servent à guerrir l'éléphantiasie.C'est une place sur laquelle s'organise régulièrement la danse des "egungun" (danse des revenants ou Kuvito) car l'adage demeure:<< Les morts ne sont pas morts>>. Ils sont restés avec eux jusqu'à


     

    La Porte du non-retour 

     

                            L'EMBOUCHURE DE LA ROUTE DU RETOUR
    C'est la dernière étape de la route. La dernière marche vers l'ailleurs. C'est l'étape de la désespérance et de la désolation. Arrivée au bord de la mer, les esclaves qui n'en pouvaient plus, prenèrent du sable et en mangèrent; d'autres s’égorgèrent au moyen de leurs chaînes et préférèrent mourir sur la terre de leurs aïeux.   
     Pour atteindre les bateaux qui les attendaient, la traversée se faisait grâce à de petites pirogues. Dans les bateaux, ils sont parqués et alignés en "position sardine". Les uns résistèrent jusqu'à la destination; d'autres, en pleine navigation sur la mer, moururent et y sont jétés. 
    Lors du Premier Festival Mondial des Arts et Cultures Vaudou, on peut lire sur la place: 
             " Les esclaves en arrivant sur cette plage de Djègbadji voulaient savoir pour la dernière fois le sort de l’Afrique et s’en allaient sans espoir de retour vers un destin horrible, funeste. C’est ce qui symbolise la partie du monument tournée vers la ville de Ouidah tolérance, de l’écoute mutuelle et de la cohésion pacifique des peuples ce mémorial. La République du Bénin et l’UNESCO ont voulu instituer la mémoire afin d’empêcher l’amnésie historique de s’installer et le silence de tuer une seconde fois. Des dizaines de millions d’esclaves qui par leur sang, qui par leur sueur ont enrichi les initiateurs et les destinateurs du commerce triangulaire du bois d’ébènes."
    C'est le début du processus de la mondialisation où les peuples Noirs ont apporté leur part de culture au monde. Bonjour Haïti; Bonjour le Brésil et salut à toutes les populations de la diaspora. Vive la réconciliation.     

     

    La case de Zomatchi

     

    LA CASE DE LA RECONCILIATION


    La case de zomatchi  tire tout son sens et toute son importance à partir de la Réconciliation enclenchée par toute la société civile au Bénin d’une part, et les peuples de la Diaspora et du Monde d’autre part. Au Bénin et précisément à Ouidah, le concept du retour est très fort. Il est perçu comme la condition sine qua non pour l’érection d’une identité ; celle de la culture d’origine. Le fait est là et le pardon s’impose. Pour ce faire, plusieurs démarches ont été menées. Pour rendre effectif ce retour, les premiers frères revenus de Haïti et la société civile ont érigé en 1993 une case sur la route des esclaves qu’ils ont nommée LA CASE DE ZOMATCHI. 
    Etymologiquement ZOMATCHI dérive de deux mots. "ZO" qui veut dire FEU, LUMIERE et "MATCHI" qui signifie " Ne s’éteint pas " donc le FEU QUI NE S’ETEINDRA JAMAIS. Ainsi Zomatchi est le nouveau monde des retrouvailles, étape du soulagement pour que le passé reste graver dans l'esprit de la génération montante afin qu'elle ait l'esprit de la solidarité, de la coopération internationale. Zomatchi est le bateau garé aujourd’hui pour les retrouvailles pour apaiser la soif pour refaire un nouveau monde de partenariat. Zomatchi se trouve à la nuque de Zomaï( case où on parquait des esclaves.) Zomatchi est la lumière éternelle. Nous tenons le flambeau de l’amitié internationale, de la paix, de l’amour qui ne s’éteindra jamais. Le bas relief retrace toute la route de l'esclave et présente les sept sénateurs Noirs Américains puis les diverses inventions des Noirs aux différents stades de la lumière.
      




18/05/2012
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